- tragédien
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• 1764 fém.; h. 1372; de tragédie♦ Acteur, actrice qui joue spécialement les rôles tragiques (tragédie ou drame). Mlle Rachel « cette jeune tragédienne [...] ne déclame point, elle parle » (Musset).tragédien, ennen. Acteur, actrice spécialisé dans les rôles de tragédie.⇒TRAGÉDIEN, -IENNE, subst.A. — Acteur, actrice qui interprète surtout des tragédies. Illustre, grand tragédien; art du tragédien; talent de tragédien. La princesse (...) apparut enturbannée de blanc et de bleu comme quelque merveilleuse tragédienne costumée en Zaïre ou peut-être en Orosmane (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 44). Je relisais Horace, hier soir, avec une sorte de stupeur. La grande erreur du tragédien serait dès lors de chercher à donner à sa déclamation l'apparence du naturel. Il ne s'en tire qu'à force de style: tout doit être transposé dans le surhumain (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1170).— P. anal. Tragédien lyrique. Interprète d'une tragédie lyrique. Madame Schodel, véritable tragédienne lyrique (...) joua et chanta d'une belle manière (BERLIOZ, Souv. voy., 1869, p. 179). C'est en 1893 que Victor Maurel, tragédien lyrique, a établi les trois qualités de la voix: la hauteur, l'intensité, le timbre (Arts et litt., 1935, p. 36-8).— P. métaph. Je fus donc averti de ceci que le patriote, homme du commun, était devenu tragédien de mélodrame aux yeux de ceux qui pensent bien (ALAIN, Propos, 1925, p. 655).— Empl. adj., rare. Aussi la musique n'est-elle tragédienne qu'en subordonnant sa loi propre aux déclamations de l'âme prophétique; c'est pourquoi la tragédie et la musique se nuisent l'une à l'autre (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 147).B. — Personne qui se comporte comme dans une tragédie. Et puis un cri farouche, un cri de tragédienne à qui l'on viendrait apprendre que son époux est mort, non celui de la tragédie, mais bien celui de la chair. Nous étions tous debout, l'oreille attentive (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 222).Prononc. et Orth.:[
], fém. [-
]. Att. ds Ac. dep. 1798 (1798 au masc.; dep. 1835 au masc. et au fém.). Étymol. et Hist. 1. Ca 1370 « acteur de tragédies » (GUILLAUME DE MACHAUT, Prise d'Alexandrie, éd. L. de Mas-Latrie, 19: les tragedianes y vindrent); 1657 (D'AUBIGNAC, La Pratique du théâtre, p. 149: les Tragédiens), rare av. le XVIIIe s. 1736 (Mercure, mai, p. 847 ds Trév. Suppl. 1752); 2. fin XIVe s. « auteur de tragédies » (EUSTACHE DESCHAMPS, Balades de Moralitez ds Œuvres compl., éd. de Queux de St-Hilaire, t. 2, p. 28: Tragediens); 1639 (G. DE SCUDÉRY, Apologie du théâtre, p. 77: Aesope le Tragedien), rare av. le XVIIIe s., cf. FÉR. Crit.; 3. 1965 péj. « personne qui affecte des attitudes tragiques » (QUILLET). Dér. de tragédie; suff. -ien. Fréq. abs. littér.:103. Bbg. GOHIN 1903, p. 276, 301.
tragédien, ienne [tʀaʒedjɛ̃, jɛn] n.ÉTYM. 1372, attestation isolée; au fém., 1764; inusité au XVIIe, repris au XVIIIe, parfois au sens d'« auteur tragique » (cf. Voltaire, in Littré); de tragédie.❖1 Acteur, actrice qui joue spécialement les rôles tragiques (tragédie ou drame). → Interprète, cit. 16. || Grande tragédienne (→ Fondre, cit. 6). || Plutôt une mime (cit. 2) tragique qu'une tragédienne.0 Après avoir été complètement abandonnées pendant dix ans, les tragédies de Corneille et de Racine reparaissent tout à coup et reprennent faveur (…) Une jeune fille qui n'a pas dix-sept ans, et qui semble n'avoir eu pour maître que la nature, est la cause de ce changement (…) Mlle Rachel (…) cette jeune tragédienne (…) ne déclame point, elle parle : elle n'emploie, pour toucher le spectateur, ni ces gestes de convention, ni ces cris furieux dont on abuse partout (…)A. de Musset, Mélanges…, Littérature, De la tragédie.2 Personne qui affecte des attitudes tragiques, qui agit comme dans une tragédie.
Encyclopédie Universelle. 2012.